Dans le paysage de l’insertion socioprofessionnelle, les termes se bousculent: coaching, tutorat, buddying, mentorat… Si ces pratiques semblent similaires, elles reposent en réalité sur des approches et des objectifs bien distincts. Parmi elles, le mentorat vers l’emploi occupe une place singulière.
Qu’est-ce qui distingue le mentorat vers l’emploi, et pourquoi est-il essentiel de reconnaître clairement ses spécificités?
Le mentorat: une relation fondée sur la confiance, l’expérience et la réciprocité
Mais qu’est-ce que le mentorat vers l’emploi exactement ? Selon la littérature académique, cette forme d’accompagnement repose sur sept piliers essentiels.
- Tout d’abord, le mentorat vers l’emploi poursuit un but précis: l’inclusion du mentee sur le marché du travail. Le rôle du mentor est d’aider à trouver un emploi ou à franchir des étapes concrètes en renforçant les compétences, en développant la confiance en soi, ou encore en élargissant son réseau professionnel.
- Le mentor bénéficie d’une expérience approfondie du marché du travail au niveau local. Grâce à une longue carrière professionnelle, il a une connaissance du secteur, des codes professionnels et des réseaux pertinents.
- Le mentorat est un processus d’apprentissage qui vise la croissance personnelle et professionnelle du mentee.
- Cette relation est en outre réciproque. Malgré leurs différences d’expérience, de parcours ou d’âge, chacun apprend de l’autre et en retire des bénéfices.
- La relation humaine et personnelle entre le mentor et le mentee est le moteur de ce parcours. La confiance en constitue la base pour avancer ensemble vers un objectif commun : l’inclusion sur le marché du travail.
- Le mentorat vers l’emploi repose sur un engagement volontaire. Le mentor choisit d’apporter son soutien en tant que bénévole, et le mentee participe également de son plein gré pour atteindre ses objectifs.
- Une organisation professionnelle encadre l’ensemble du processus. Elle met en relation mentor et mentee, suit le duo, apporte un soutien lorsque nécessaire, développe des outils pédagogiques et des partenariats stratégiques et veille à mesurer l’impact de son programme.
Le mentor: ni coach, ni buddy, ni tuteur, ni conseiller d’orientation
Maintenant que nous connaissons les sept piliers du mentorat vers l’emploi, il est plus facile de distinguer cette forme d’accompagnement des autres.
Un conseiller d’orientation ou un jobcoach est un professionnel du service public de l’emploi ou d’une organisation mandatée dans le cadre d’une mission de service public, qui collabore avec le chercheur d’emploi pour construire un plan d’action personnalisé en vue de retrouver un travail. À la différence du mentorat, cet accompagnement est assuré par un professionnel salarié, qui est souvent en charge de plusieurs personnes à la fois, dans un cadre formalisé, avec une dimension de suivi et de contrôle qui peut parfois influencer la relation de confiance. Par ailleurs, le conseiller dispose généralement d’une bonne connaissance du marché du travail, mais pas nécessairement d’une expérience concrète dans un secteur spécifique.
Un tuteur en entreprise est un collègue ou un supérieur qui soutient un nouvel employé durant sa période d’intégration. Contrairement au mentorat vers l’emploi, cette forme ne vise pas l’accès à l’emploi, mais à renforcer les chances de maintien dans l’emploi.
Un coach est un accompagnateur professionnel qui ne donne pas de conseils directs, mais pose des questions ciblées pour amener à la prise de conscience et à la réflexion. Le coaching peut avoir divers objectifs : renforcement des compétences, orientation professionnelle ou soutien dans des choix importants de vie. Il s'adresse à des clients, dans le cadre d'une relation rémunérée.
Un buddy comme le mentor, est un bénévole qui crée un lien personnel, mais son objectif principal est social : il s’agit d’accompagner quelqu’un dans la vie quotidienne et culturelle afin de briser son isolement social. La durée et l’intensité de ces accompagnements varient largement.
En résumé, le mentorat vers l’emploi se distingue par son approche unique : un bénévole expérimenté accompagne individuellement une personne en s’appuyant sur une relation de confiance et d’égalité, fondée sur le partage d’une expérience de terrain.
Qualité et impact du mentorat : l’importance des critères de qualité
Le mentorat est de plus en plus reconnu à l’échelle internationale comme une méthode à part entière, avec ses propres exigences en matière de qualité. Fondés sur l’expérience de terrain, des éléments comme la durée, l’intensité et la méthodologie sont aujourd’hui clairement définis. Dans des pays comme les États-Unis, l’Écosse, l’Espagne ou la France ces standards se traduisent par des cadres de qualité reconnus et des labels officiels.
La qualité est en effet indispensable pour garantir un impact réel et durable du mentorat.
C’est pourquoi, en Belgique, Mentoring Belgium œuvre pour la mise en place d’un cadre légal et financier solide, qui intègre durablement ces critères de qualité.
Conclusion : reconnaître la spécificité du mentorat
Le mentorat vers l’emploi ne se confond ni avec le job coaching, ni avec le coaching professionnel, ni avec le tutorat en entreprise, ni avec une relation de buddying. Il s’agit d’une forme d’accompagnement unique, basée sur sept piliers essentiels : un objectif clair de retour à l’emploi, le partage d’expérience et de savoirs, le développement personnel et professionnel, une relation de confiance, la réciprocité, un engagement volontaire, ainsi qu’un accompagnement structuré par une organisation professionnelle.
Grâce à une méthodologie rigoureuse respectant des critères de qualité, le mentorat contribue pleinement à l’inclusion durable des personnes sur le marché de l’emploi. Pour exploiter pleinement ce potentiel, il est cependant indispensable d’assurer une reconnaissance officielle ainsi qu’un financement structurel, qui reconnaissent et soutiennent la spécificité du mentorat en tant que méthode à part entière.