Migration. Un mot qui, dans le débat public, fait immédiatement réagir. L’image qui nous vient le plus souvent à l’esprit ? Une embarcation surchargée en Méditerranée. Bien moins fréquemment, nous pensons à l’expatrié qui bâtit une carrière internationale ou à l’aide-soignant qui, chaque jour, accomplit un travail essentiel.
Pourtant, tous ces parcours relèvent de la migration. Les migrants ne forment pas un groupe homogène, ce sont des personnes très différentes, avec des parcours, des formations et des raisons variées de s’installer ailleurs.
La migration est souvent entourée d’idées reçues. Pour y voir plus clair, découvrons trois faits qui changent notre regard sur cette réalité.
✅ La migration ne réduit pas les opportunités professionnelles pour la population locale
Les experts s’accordent à dire que la migration ne crée pas plus de concurrence sur le marché de l’emploi et n’entraîne pas de hausse du chômage pour la population locale. La Banque Nationale a d’ailleurs constaté en 2020 qu’elle n’affecte ni les salaires ni le bien-être des travailleurs non migrants (1).
Les migrants contribuent également à l’économie en tant que consommateurs, ce qui stimule l’activité et favorise la création d’emplois. Ils sont aussi plus souvent entrepreneurs indépendants que les personnes non issues de la migration, ce qui se traduit par de nouvelles entreprises et des emplois supplémentaires (2).
✅ La migration contribue à compenser le vieillissement de la population
La migration augmente partout dans le monde, surtout sous l’effet de la mondialisation. Pourtant, nous avons souvent une idée exagérée du nombre de migrants dans notre pays. Sur dix habitants, huit sont belges de naissance, un possède une nationalité étrangère et un est d’origine étrangère mais a été naturalisé. Plus de la moitié des résidents de nationalité étrangère viennent d’Europe (3).
Chaque année, plus de personnes entrent dans le pays qu’il n’en sort, ce qui fait croître la population malgré la baisse du nombre de naissances. La population belge vieillit rapidement, alors que les migrants sont majoritairement en âge de travailler. Sans eux, le rapport entre population active et population âgée serait beaucoup plus faible, ce qui augmenterait encore la pression financière sur les pensions (4)
✅ La migration contribue positivement aux finances publiques
Près de la moitié des Belges (48 %) pensent que les migrants utilisent davantage les services sociaux et de santé qu’ils ne contribuent via les impôts (2). Les chiffres montrent le contraire. La Banque Nationale de Belgique a ainsi démontré que la migration augmente le PIB par habitant de 0,7 %, avec un impact positif aussi bien pour les migrants d’origine européenne que pour ceux venant d’autres régions du monde (1).
La population migrante étant plus jeune, elle est plus représentée parmi les actifs et moins présente parmi les pensionnés. Or, pensions et soins de santé représentent ensemble une charge importante pour la sécurité sociale (10,7 % du PIB est consacré aux pensions). (2)
Les coûts liés à l’accueil des migrants sont souvent surestimés : ils représentent environ 0,14 % des dépenses publiques totales et, en parallèle, stimulent l’activité économique en favorisant l’emploi. De plus, près de la moitié des demandeurs d’asile travaillent et contribuent ainsi aux impôts et à la sécurité sociale (2).
Conclusion
La migration constitue un élément essentiel d’une économie saine et tournée vers l’avenir. Les migrants forment un groupe divers et croissant : en Belgique, environ la moitié sont citoyens européens, l’autre moitié vient de pays tiers. Leur présence contribue à atténuer les effets du vieillissement de la population, à renforcer l’économie et à soutenir la création d’emplois et l’innovation.
Pourtant, une partie importante de ces talents reste inutilisée. Les personnes migrantes sont généralement jeunes, et donc en âge de travailler, mais elles sont également plus souvent à la recherche d’un travail ou occupent des emplois précaire. Ce sont des ressources précieuses encore trop souvent négligées, alors qu’elles représentent un potentiel considérable au sein de la population active.
Chez DUO for a JOB, nous avons accompagné plus de 10 000 jeunes issus de l’immigration hors UE, pour révéler leur potentiel et leur permettre d’accéder à des opportunités professionnelles concrètes. 70% d’entre eux (re)trouvent, grâce à notre programme, le chemin du travail. Le mentorat aide à lever les obstacles à l’emploi et à s’assurer que ces talents trouvent leur place sur le marché du travail.
Faciliter l’accès à l’emploi pour les migrants est non seulement socialement juste, mais contribue aussi à renforcer durablement les finances publiques.
Sources
- National Bank of Belgium (2020). The economic impact of immigration in Belgium.
- Lafleur, J. M., & Marfouk, A. (2017). Pourquoi l’immigration? 21 questions que se posent les Belges sur les migrations internationales au XXIe siècle. Academia-L’Harmattan, Louvain-la-Neuve, Belgium.
- Myria (2025). La migration en chiffres et en droits. Population et mouvements
- Conseil Supérieur des Finances (2025) Comité d’Étude sur le Vieillissement. Rapport Annuel.